JEAN-MARC, Mon frère,                                        LE 22 mai 2012


Tu m'as appelé au téléphone mercredi 16 mai en début d'après midi ;
j'ai senti de suite que ça n'allait vraiment pas.

Nous avons parlé une heure, nous n'avions jamais parlé aussi
profondément tous les deux.

Tu m'as dit que depuis un à deux ans, cela n'allait plus à différents
niveaux, que tu étais au bout, que tu n'en pouvais plus et que ta
décision était prise.
J'ai essayé, en vain, de te montrer une autre façon de voir les choses,
de voir, de contacter un psychologue éventuellement. Tu m'as dit que ce
n'était pas ton truc, que tu étais un "guerrier" et que tu allais
résoudre les choses à ta façon.

Tu avais à ce moment une image très négative de toi-même, mais cela est
aussi le propre de la dépression, maladie non honteuse dans laquelle tu
étais entré; la vision se rétrécie et le négatif prend beaucoup de
place dans la conscience.

Tu m'as dit que tu étais au bout, que tu n'en pouvais plus et tu as
réagi à ta façon et je dis que l’on n’a pas à t'en vouloir, que
personne n'a à culpabiliser et qu'il faut respecter ta douloureuse
décision.

Globalement nous n'avons pas beaucoup parlé tous les deux. Je le
regrette maintenant. Tu as toujours dégagé une image de force et tu
étais très secret.

Personnellement, dans ma façon de voir les choses, la vie après la vie
existe, c'est une évidence pour moi. La vie sur la Terre est une
expérience à vivre pour mieux savoir qui l'on est soi même.

Actuellement, à ton incinération, je pense que tu es présent, là,
quelque part, autour de nous, que tu nous vois, nous entends. Tu es
dans un "entre deux" avant de partir rejoindre définitivement ce que
l'on pourrait appeler "les êtres de lumière", façon de parler. Les
vivants avec les vivants, les morts avec les morts, on se reverra un
jour...

J'espère que tu arriveras à trouver l'apaisement, la paix de l'âme.

J'espère que tu arriveras à te pardonner, à toi-même, ton geste.
J'espère que ta vision de toi même redeviendra positive; Tu es
quelqu'un de bien, énormément de gens le pensent, le savent.

Je t'aime mon frère, nous t'aimons tous...à un de ces jours....

François


Mon frère était CRS et nous a quitté le 16 mai 2012 vers 17h; il avait 41 ans, une femme et trois filles.